Equinoxe d’automne

L’éphémère point d’équilibre entre l’ombre et la lumière est à nouveau atteint.

Alors qu’à l’équinoxe de printemps les bourgeons gonflaient sur le rosier, aujourd’hui, exactement six mois plus tard, les roses qui ont fleuri de ces bourgeons fanent lentement, les couleurs diaphanes de leurs pétales secs annoncent les premières longues nuits.

L’obscurité va à nouveau prendre le pas sur la lumière.

Loin d’être une fatalité, la nuit est une nécessité. Ce qui nous apparaît comme un pourrissement n’est il pas en réalité une maturation ?

Les fruits se fondent dans la terre, y enfonçant les graines que les oiseaux n’auront pas transporté ailleurs dans leurs errements mystérieux. Ces graines, à l’abri dans la terre humidifiée par les pluies d’automne n’y seront inertes qu’en apparence : elles sont le germe de la vie future qui, passée la gestation de l’hiver, reviendra au prochain printemps : identiques et pourtant différentes.

La nature ne force rien et pourtant tout s’accomplit.

Chaque étape, même infime, est essentielle.

Tandis que je frotte le sol de la boulangerie avec ma serpillère, il m’arrive de repenser à mes cours de philosophie interculturelle, à toutes les recherches que j’ai pu partager ici sur mes réseaux sociaux. Je repense à ce savoir que je continue de penser précieux et qui semble se perdre ici, entre un payement en carte bleue et le bruit de la trancheuse à pain.

Je fane moi aussi, je rentre petit à petit dans l’hiver.

Mais ce que je sais, ce que j’ai appris, tout cela reste en moi, comme le logiciel de vie du rosier, cette logique qui le verra refleurir un jour car c’est sa nature.

J’essaie d’accepter ce temps comme un hiver personnel, un temps de maturation, une sorte de repos forcé qui ne dénature pas ce que je sais et ce que je suis profondément, même si tout devient momentanément invisible.

Certainement, un jour, le printemps reviendra.

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