Qu’elles soient encensées ou moquées, les médecines parallèles rencontrent de plus en plus de succès.
Leur efficacité semble être dans le meilleur des cas modeste, mais plus souvent nulle voire nocive aussi bien sur le plan physique que mental (https://www.lepoint.fr/sante/voyage-cauchemardesque-en-naturopathie-30-09-2025-2599875_40.php).
Les articles de presse ou les vidéos youtube qui « débunkent » la lithothérapie, la naturopathie ou autre passe selon moi à côté de l’essentiel.
Si les gens se tournent vers ces thérapeutes alternatifs, y engageant parfois (souvent) d’énormes sommes d’argent, ce n’est pas parce que sur le papier, on leur a prouvé par A+B que c’était efficace et que ça allait marcher à coup sûr. C’est avant tout parce que ces thérapeutes les ont écoutés.
La médecine n’est pas une science comme les autres et pourtant, plus le temps a avancé, plus elle semble avoir glissé vers la froideur de la chimie. Un symptôme, un diagnostic, un traitement. C’est prouvé. C’est validé scientifiquement.
Mais on ne s’occupe pas des humains comme d’une expérience de physique. Nous avons besoin de nous sentir écouter, pris en compte. Nous avons besoin que nos intuitions sur notre propre état de santé, juste ou pas, soient écoutés. L’idée n’est pas de dire que je sais mieux qu’un médecin, mais le médecin ne sait pas ce que je ressens. J’ai besoin de pouvoir l’exprimer sans être ni jugée, ni rabaissée.
La science entend détruire ces médecines parallèles à coups d’études peer-reviewed mais il me semble qu’elle se trompe de combat. Les patients n’ont souvent pas de méfiance envers la médecine comme science, mais contre le médecin comme Grand Manitou.
Pour vaincre les gourous et charlatans des médecines alternatives il ne faut pas plus de faits scientifiques mais plus de médecins à l’écoute. Pour cela il faudrait certainement que la vision de la médecine comme science change mais aussi donner les moyens aux médecins d’écouter leurs patients : le manque de temps, de personnel, les cadences infernales enferment les soignants dans une nécessité d’efficacité qui rend souvent impossible l’humanité.
Car l’humanité naît de la relation, de l’émotion, de la compréhension et de l’attention. C’est là-dessus que de nombreux charlatans font leur beurre. En se montrant bienveillants et à l’écoute, ils offrent (ou plutôt vendent) à la personne en souffrance l’humanité dont elle a besoin.
Autrefois cette écoute était amenée par la religion. On peut en penser ce qu’on veut mais d’une part cette aide était gratuite (contrairement aux retraites et traitements alternatifs d’aujourd’hui) et stimulait suffisamment les ressorts psychologiques de la guérisons pour qu’on assiste à des miracles.
Miracles qui devraient occuper toute la médecine : devant une telle prise à revers des certitudes scientifiques, on pourrait penser que la médecine s’engage à fond dans la recherche de son échec. Mais non. On reste dans le protocole.
Je reviens à la religion. Chrétienne ou autre peu importe. Ce qu’elle apporte, c’est un cadre de compréhension accessible. Les êtres humains n’ont pas abordé le monde par la rationalité et les chiffres. Nous abordons la réalité par l’expérience et le récit.
J’ai déjà évoqué l’importance de pouvoir partager ce que l’on expérimente dans son corps.
Le narratif, lui, donne un sens à cette sensation. C’est la barrière qui permet de ne pas tomber dans la froideur pure des chiffres.
Cela ne veut pas dire raconter n’importe quoi, inventer des cérémonies du cacao ou autre.
Il ne s’agit pas de mentir au patient, de les laisser barboter dans une boue pseudo spirituelle et infantilisante. Mais la science pure, les faits purs, les chiffres ne recréent pas ce monde. Nous ne vivons pas de data mais de connexions.
Sans connexion humaine, sans logique narrative, la médecine perdra des vies au profit de charlatans qui continueront de s’enrichir sur la souffrance des patients

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