Le rituel est une porte d’entrée vers une autre temporalité. Ce n’est pas juste « une pause », c’est une rupture avec le temps profane. C’est un moment où l’on ne fait plus partie du monde de l’utile, du faire, du produire. On est dans l’Etre pur, dans un autre paradigme de réalité.
Ce n’est pas une question de vitesse, mais de nature de temps.
Ce n’est pas une simple respiration dans le quotidien mais une bascule dans un autre monde.
Ce n’est pas une optimisation du bien-être mais une expérience du sacré.
Ainsi la vraie contemplation n’est pas juste « être assis et regarder » ; c’est se laisser absorber et disparaître un peu dans ce qui est plus grand que soi.
L’idée que le rituel ou le sacré en général seraient forcément calmes, posés, doux, c’est une vision très moderne. Comme si le sacré était une expérience intérieure, silencieuse, méditative.
Mais historiquement et anthropologiquement c’est faux !
Les grands moments rituels sont souvent intenses. Je me souviens d’une cérémonie de pleine lune dans un temple à Sanur (Bali) : il y avait énormément de monde, de mouvements, des danses, de la musique, des gens qui circulaient avec des offrandes…
Mais il n’y a pas besoin d’aller si loin. dans le peu de rituels qu’il nous reste ici, on observe la même effervescence, le même effort, comme pour préparer le repas de Noël ou de Pâques.
Cet autre temps qu’est le sacré et dont la porte est le rituel n’est pas forcément un temps lent, c’est surtout un temps autre.
La contemplation n’est pas qu’un silence intérieur, elle peut être un tumulte.
Ritualiser, ce n’est pas juste ralentir, c’est (se) donner un accès à un ordre supérieur du monde, un ordre cosmique.
Notre problème ce n’est pas (seulement) qu’on va trop vite, c’est qu’on a aplati l’expérience du monde en se fermant au paradigme autre du temps sacré. On a réduit l’existence à une gestion fluide, continue, horizontale. pas de rupture, pas d’accélération brutale. Tout doit être optimisé, lissé et surtout prévisible.
Mais vivre vraiment, c’est parfois entrer en transe, se dépasser, être emporté et disparaître un instant dans quelque chose de plus grand.
Ainsi, peut-être qu’une partie de notre mal-être contemporain ne vient pas du fait que l’on va trop vite, mais qu’on ne change jamais d’état…
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